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L’introuvable effet Charlie dans les urnes

L’introuvable effet Charlie dans les urnes

Effet Charlie et, du même coup, effet Hollande? Les résultats du 1er tour, dimanche 1er février, lors de l’élection partielle dans la quatrième circonscription du Doubs, conduisent nombre de commentateurs à expliquer combien les attentats de janvier dernier et le comportement du chef de l’État, à cette occasion, ont pesé sur ce scrutin, au profit du candidat socialiste.

La seule façon de vérifier, un temps soit peu, cette assertion est de comparer la partielle du Doubs aux élections du même type qui ont eu lieu en France métropolitaine, depuis 2012. Si la tendance diffère, on peut en conclure que le double effet annoncé s’est peut-être produit. Si la tendance est la même, alors il faut admettre qu’il n’en est sans doute rien. Étant quand même entendu que la preuve absolue de ce mouvement supposé ne peut être apportée puisque, par définition, le résultat de la partielle, si elle avait eu lieu fin 2014, ne peut être connu.

Première question : a-t-on constaté dimanche un sursaut civique ? L’abstention dans la quatrième circonscription du Doubs a-t-elle était moindre que dans les précédentes partielles? A l’évidence, non. Entre le scrutin de 2012 et celui de 2015, elle est passée dans le Doubs de 39,5% à 60,4%, soit une progression de 21 points. Or dans les circonscriptions de France métropolitaine, elle avait augmenté jusqu’ici de 23 points en moyenne. Deux points, à l’évidence, c’est insuffisant pour dessiner une inversion de tendance.

Autre indicateur : le score du PS. Dans la quatrième circonscription du Doubs, le candidat socialiste recule de 13 points d’un scrutin l’autre. Or la perte, dans les circonscriptions où le PS présentait un candidat, tant en juin 2012 que lors des différentes partielles organisées jusqu’en 2014, a été en moyenne de 10 points. Et encore, faut-il tenir compte, pour prendre l’exacte mesure de ce recul, du désastre du Lot et Garonne (-23 points) dans la foulée de l’affaire Cahuzac.

Rien ne bouge, rien ne change. Le double effet Charlie/Hollande dans le Doubs est donc purement spéculatif. Pour expliquer la qualification, au second tour, du candidat socialiste, mieux vaut se contenter d’une explication plus prosaïque. Son capital de départ étant très élevé (40.81% au 1er tour, pour Pierre Moscovici en juin 2012) une forte perte, même si elle n’a rien d’exceptionnelle, lui a permis de sauver d’autant plus facilement la mise que son avance sur ses concurrents du FN et de l’UMP (17 points pour l’un comme pour l’autre) était considérable. Lors des autres partielles perdues par le PS, seul le remplaçant de Jérôme Cahuzac dans le Lot et Garonne pouvait afficher mieux, sur la ligne de départ. Au final, il convient surtout de rappeler que, dans le Doubs, l’écart entre le candidat socialiste et celui de l’UMP a été, dimanche, de moins de 800 voix. Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’ici, d’un scrutin l’autre, le PS a perdu 9000 voix, l’UMP 2500 et le FN, 1300. Dans ce type d’élection, une fois encore, tout est affaire de tendance et de niveau. On peut à la fois perdre beaucoup et ne pas être battu, de même qu’on peut reculer modérément sans que cela assure forcément la qualification pour le tour décisif. C’est aussi simple que ça.